Léa Rainier : Donner du sens à sa vie professionnelle
Cette semaine , je donne la parole à une personne qui m’avait elle-même interviewée il y a quelques mois 😉 (Interview à retrouver ici) : Léa Rainier . Nous inversons donc les rôles et c’est elle cette fois qui a accepté de répondre à mes questions. Léa est pour moi un modèle de personne engagée et déterminée. Elle sait s’écouter et suivre son propre chemin, c’est pourquoi j’avais envie de l’interroger sur cette thématique : donner du sens à sa vie professionnelle.
1/ Peux-tu te présenter et présenter ton activité ?
Les 10 dernières années j’ai été entrepreneure dans l’économie sociale et solidaire (ESS) et j’ai fondé My Petit Change, un organisme de formation spécialisé en transition écologique.
Je me suis formée en début d’année à l’art-thérapie pour m’orienter plus dans l’accompagnement avec cet outil qui fait appel à la créativité mais les aléas de la vie m’ont conduite à mettre entre parenthèse ma vie entrepreneuriale.
J’ai accepté en septembre un poste salarié dans une collectivité locale en tant qu’attachée territoriale auprès du service Politique de la Ville et je suis en charge d’animation territoriale sur les quartiers prioritaires.
C’est un domaine qui me passionne puisque depuis 3 ans je développais avec mon organisme de formation des chantiers d’insertion professionnelle sur les thématiques de la transition écologique dans les quartiers prioritaires d’une commune de la Rive Droite (de Bordeaux, ndlr).
C’est donc un métier qui fait sens ne me fait pas regretter mon choix.

2/ Quel constat fais-tu concernant le fait que beaucoup de personnes n’osent pas suivre leur réelle envie professionnelle ? Comment l’expliques-tu ?
Il y en a énormément. Chez les salariés comme les entrepreneurs et cette situation crée énormément de frustration et de mal être qui finit par se répercuter sur leur vie privée et leur quotidien.
J’imagine que nous n’avons pas été « éduqués » à nous écouter et à faire confiance à notre intuition, à rêver même. Le système éducatif aujourd’hui nous conditionne à rentrer dans des cases, les normes sociales à suivre un chemin balisé, et sortir des sentiers battus n’est pas toujours envisageable ou même imaginable.
Il est facile de s’enfermer dans un statut et c’est très difficile de s’en défaire pour suivre une envie/un besoin pas toujours « rationnels ».

3/ Comment y es-tu parvenue de ton côté ? Est-ce que ça a été simple ?
J’ai fait le pas sur un coup de tête il y a 10 ans en quittant le salariat, un statut de cadre et un salaire confortable pour me lancer dans l’entreprenariat. Cela a été très mal compris par mon entourage mais je l’ai très bien vécu personnellement. J’ai toujours eu le goût du risque, le challenge me fait avancer et sortir des sentiers battus fait partie de mon ADN.
Il y a quelques mois je l’ai fait dans le sens inverse, car je me suis enfermée dans une routine entrepreneuriale et j’ai perdu la « joie » de travailler au quotidien. Pourtant mon entreprise était prospère et viable. Je me suis écoutée. Ma situation personnelle me demandé une grande disponibilité « mentale » totalement incompatible avec la gestion d’une SAS avec des salariés, des stagiaires et une activité intense.
J’ai fait le choix de ma santé mentale. Le salariat (dans un domaine qui me fait vibrer bien sûr et donne du sens à mon quotidien) me donne cette liberté mentale et me permet de me concentrer sur mes priorités à l’instant T. Je le vis comme un seconde souffle. C’est un soulagement.
Rien est immuable. Peut-être demain, vais-je me lancer à nouveau dans un projet d’entreprise ?

4/ Accompagnes-tu des personnes ayant cette problématique ?
Dans mon organisme de formation, sur la fin, j’ai beaucoup accompagné les porteurs de projets, les entrepreneurs dans leur quête de sens et de construire un projet entrepreneurial aligné à leurs valeurs mais surtout à ce qu’ils sont à l’instant où ils projettent de créer ou de développer leurs activités. Je me suis formée à de nouveaux outils comme l’art-thérapie et la facilitation graphique pour remettre la créativité au coeur de ces accompagnements.
Et c’est parce que je ne trouvais plus le sens, et l’inspiration créative de poursuivre ces accompagnements que j’ai décidé d’arrêter. Je me suis appliquée les conseils que je pouvais prodiguer, un accompagnant qui ne s’écoute pas et qui n’est plus aligné au message qu’il diffuse, est à mon sens un « mauvais » accompagnant.

5/ Peux-tu nous partager quelques tips / astuces pour faire un 1er pas vers soi et son vrai chemin professionnel?
Aujourd’hui je veux continuer à aider celles et ceux qui cherche un sens professionnel en partageant mon témoignage et mon parcours. Je n’ai pour l’instant plus le temps (y compris mental) de faire de l’accompagnement, mais une fois les choses plus apaisées j’aimerai reprendre l’art-thérapie, peut-être même en complément de mon activité professionnelle car c’est tellement enrichissant !
Le premier pas je pense c’est de s’écouter et d’identifier nos VRAIS objectifs et priorités à l’instant T et accepter que les lignes peuvent bouger. Il ne faut pas s’enfermer dans un modèle et accepter de s’adapter quand nécessaire. Il n’y a pas une voie toute tracée. Il n’y a pas d’échec. On apprend sur soi et on avance.
On expérimente, on garde le meilleur et on continue d’avancer. Parfois, il faut faire deux pas en arrière qui nous permettent de faire un bond en avant de plusieurs mètres.
C’est un travail difficile sur soi mais il faut s’écouter, écouter les messages de son corps, ne pas forcer le passage. Se faire confiance et croire en soi.
Un très grand merci Léa pour avoir accepté de répondre à mes questions en toute transparence ! Cet échange fut un vrai boost d’inspiration et de motivation et j’espère que pour vous aussi 🙂
